Presse, Juillet 2022
Photos © Stéphane Aboudaram | We Are Content(s)
Jusqu’au 25 septembre 2022, le MAMO, centre d'art fondé par le designer Ora-ïto dans l'ancien gymnase de la Cité radieuse à Marseille, invite le sculpteur star new-yorkais Daniel Arsham à dialoguer avec l’héritage de Le Corbusier dans une exposition prenant pour point d'ancrage l'univers du basket.
Par Noa Longhurst-Deshaulle.
Sur le toit-terrasse de la Cité radieuse, offrant un vaste panorama sur Marseille, les silhouettes dénudées de deux femmes – l’une debout, l’autre accroupie – sculptées dans un bronze vert d’eau dominent la cité phocéenne telles des figures protectrices.
Lorsque l’on s’approche de ces figures à taille humaine aux allures de déesses grecques, c’est pour mieux découvrir leur corps creusés par endroits, comme érodés sous l’action du soleil méditerranéen, donnant à voir les nervures de leur chair métallique. On reconnaît là l’œuvre de Daniel Arsham, star américaine de l’art contemporain connu principalement pour ses sculptures exprimant le passage du temps par l’érosion de la matière, aussi bien par l’ajout de cristaux sur des reproductions de sculptures antiques, d’objets du quotidien ou même de personnages de la culture populaire tels que les créatures de l’univers Pokémon. Jusqu’au 25 septembre, son œuvre dialogue avec le travail du célèbre architecte et designer français Le Corbusier au sommet de son bâtiment emblématique en béton brut comportant neuf étages et dix-huit niveaux, inauguré en 1952. Cette rencontre inédite entre une figure majeure du 20e siècle et une figure majeure du 21e siècle a lieu au MAMO, centre d’art inauguré par le designer Ora-ïto au dernier étage de la Cité radieuse dans l’espace qui lui servait auparavant de gymnase, offrant un accès direct à son toit et à une vue imprenable sur l’ensemble de la ville de Marseille.
Pensées comme un hommage au génie de Le Corbusier, les œuvres réalisées par Daniel Arsham pour l’occasion rencontrent matériellement les réalisations du célèbre architecte et designer français.
Ainsi, les chaises iconiques de Le Corbusier LC4 et LC2 et leurs structures d’acier épousant la courbe du corps sont transformées en racks pour accueillir des ballons. Ici, le sculpteur new-yorkais a choisi de mettre à l’honneur sa passion pour le basket-ball, un clin d’œil à la fonction d’origine de la salle d’exposition : celle-ci devient alors un terrain de basket, où le marquage au sol réalisé par l’artiste reprend des éléments graphiques du Poème de l’Angle Droit – série de 19 peintures et écrits de Le Corbusier – tandis que le panier de basket-ball accroché en hauteur reprend directement le dessin gris de La Main ouverte – structure de Le Corbusier érigée à Chandigarh dans nord de l’Inde, symbole de ses valeurs pacifistes et de son ouverture sur le monde. Au sein de ce lieu historique qu’est la Cité radieuse, qui accueille aujourd’hui plusieurs centaines d’appartements, plus de 1000 habitants mais aussi une allée commerçante intérieure, un bar-restaurant, une librairie et une école, l’exposition “Le Modulor du Basketball” intègre désormais une pratique contemporaine définitivement tournée vers l’expression de l’universel et de l’intemporel. Par la présence de ses reliques antiques et contemporaines en érosion – moulages de sculptures de l’Antiquité, voitures, ballons de basket-ball –, Daniel Arsham y offre ainsi un angle inédit pour explorer simultanément le passé du lieu qui l’accueille, son présent et son futur.
Daniel Arsham, “Le Modulor du Basketball’, jusqu’au 25 septembre 2022 au MAMO, Cité radieuse, Marseille.