Ventilo — MaMographie

Presse, Juillet 2013
Photos © Damien Boeuf - texte © Bérengère Chauffeté

Les volutes de béton de la terrasse du Corbusier respirent à nouveau lorsqu’en 2010, le designer Ora-ïto rachète l’emblématique gymnase de la Cité Radieuse pour y créer un centre d’art contemporain. Entre ciel et terre.

C’est toujours la même grandiose vue de Marseille qui s’offre à la sortie de l’ascenseur. A cinquante-six mètres du sol, la terrasse éclatante de blancheur contraste encore avec l’ocre des toits de la ville, le panorama vertigineux et le bleu, partout. Un couloir laqué en rouge mène au gymnase immaculé, nouvel écrin de 650 mètres carrés dédié à l’art contemporain. Il aura fallu trois années de travaux à l’équipe d’Ora-ïto pour redonner ses gallons de noblesse au béton. Les murs de panneaux d’Héraclite ont été repeints en blanc, les boiseries, vernies, et le sol, recouvert de résine gris clair, faisant de cette pièce une œuvre d’art à elle seule. Le silence y est celui d’une chapelle, d’un temple, d’une certaine idée de l’architecture, de l’art.

Premier invité au MaMo (lire Marseille Modulor, clin d’œil au fameux MoMA de New York), Xavier Veilhan propose, à travers Architectones, une série d’interventions artistiques prenant place dans des lieux majeurs de l’architecture moderniste. Après Los Angeles, il s’arrête à Marseille et rend hommage à Le Corbusier en posant, à même le sol, le buste revu de l’architecte crayon à la main, ou au cœur du gymnase, une statue argentée tenant un grand mobile gris bleuté animé par le lent mouvement de l’air qui passe par une fenêtre. Le MaMo s’impose donc avant tout comme un espace en mouvement : si quatre mois durant, les artistes (internationaux) invités exposeront dans le gymnase et sur la terrasse, le lieu hébergera également des résidences. En somme, de l’art dans l’art.