Presse, Mai 2013
Photos © Agathe WESTENDORP
Installé sur le toit de la Cité Radieuse, ce lieu d'expos signé Ora Ito ouvre ses portes le 12 juin. Hymne audacieux au Corbusier.
De son pas décidé, après avoir fait courir son petit chien dans les “rues” de la Maison du Fada, il pousse la porte de ce qui sera dans moins d’un mois le MaMo (Marseille Modulor). Modulor, cette notion architecturale inventée par Le Corbusier en 1945, une silhouette humaine standardisée pour concevoir la structure et la taille des unités d’habitation. Regard acier, Ora Ïto, prodige du design, sait qu’il accomplit un de ses rêves les plus fous. Créer un centre d’art sur le toit du Corbu. Et donner un souffle inédit à cet endroit hors norme, entre ciel et mer.
De Vuitton à Heineken…
Au coeur de l’ancien gymnase sur le toit de la Cité Radieuse, qu’il a acquis il y a trois ans, le chantier bat son plein encore, avant l’ouverture prévue le 12 juin. L’émulation collective de toute l’équipe au travail est palpable. Le designer salue chacun et fait un point minutieux. Logique. Pour la première fois de sa carrière, lui qui a prêté son talent à des marques international de Guerlain à Apple, de Vuitton à Heineken, signe son territoire, son écrin.
“Là, ce sera l’entrée, le tunnel rouge, du sol au plafond. Puis tout sera blanc avec le café-bar où j’installerai peut-être un Nano (sa nouvelle enseigne de restauration fine sur le pouce, inaugurée à Paris, ndlr). Mais aussi la librairie-boutique tenue a priori par Katia Imbernon. L’appartement de la résidence d’artiste sera terminé plus tard. Sur la mezzanine, nous supprimons cette structure métallique verte qui n’est pas du tout d’origine. Je ne veux pas casser la ligne pour que l’on contemple aussi les menuiseries en chêne du Corbusier qui ont été rénovées. On va mettre un garde-corps transparent. Sur toute la voûte, la fibralite va être repeinte en blanc mat. Au sol, une résine gris clair mat”.
Avec une extrême minutie, Ora Ïto s’attache à rendre l’âme de cet espace, comme on révèle des inscriptions antiques.“Un des habitants m’a dit un jour : dans cet endroit on faisait de la culture physique, désormais il y aura de la culture tout court… “. J’aime cette idée. J’ai regardé les plans d’origine de l’immeuble, j’ai retrouvé ceux de la façade sud notamment. Le bâtiment a subi des attaques, il avait des cicatrices. On lui amène une seconde jeunesse ! J’ai voulu faire ressortir tous les matériaux existants. C’est un vrai travail collectif avec la copropriété, la Fondation et l’architecte en chef François Botton. Et je suis heureux que l’on m’ait suivi et accepté. Tout seul, cela aurait été très difficile”.
Un partenariat précieux
Le MaMo, hymne à l’oeuvre du Corbusier et clin d’oeil au Moma de New-York, ouvre donc ses portes au public en accueillant pour sa première exposition, Architectones, des oeuvres exclusives de Xavier Veilhan. Grande nouvelle aussi :“J’ai désormais un sponsor officiel, le Programme Audi talents awards qui soutient l’émergence de jeunes talentsen Design, Art contemporain…”.
Un partenariat et soutien précieux pour le designer -qui avait dessiné les trophées de ces awards- pour une durée de 24 mois. “Pendant deux ans, le centre sera donc le Moma TalentsAudi awards et nous allons bénéficier de la présence de tous les lauréats : le Mamo va inviter les vainqueurs des sept dernières années et ainsi les ténors de l’art contemporain seront sur le toit terrasse du Corbusier. Cela va rendre tout de suite le projet plus mature”. Ora Ïto n’en est pas moins marseillais. “Nous avons noué un partenariat avec le Mac (Musée d’art contemporain). Après l’axe Mucem-Fort Saint Jean- Fondation Regards de Provence, nous voulions créer un autre axe. On réfléchit à des interventions par des artistes comme L’Atlas”.
Le Mamo : une aventure humaine et artistique
Le Mamo une aventure en soi, humaine et artistique, avant même son ouverture. “C’est très intense. Le projet prend une dimension à laquelle je ne m’attendais pas”, lance avec un sourire le designer. In fine aussi, le Mamo devrait recevoir un soutien clair de MP2013 après une rencontre avec Jean-François Chougnet.
Déjà, les projecteurs des médias de toute l’Europe sont braqués sur ce centre exceptionnel. Et pour le designer, le concept a pris un sens particulier :“J’ai surtout été au service d’une marque donc la responsabilité était toujours partagée comme dans un match de foot, c’est l’équipe tout entière qui est en charge. Là je suis en première ligne et j’ai envie que tout le monde, et notamment les habitants soient contents de ce centre unique”. Un espace étonnant, festif, convivial en guise d’hommage :“Le Corbusier voulait que ce bâtiment évolue avec son époque. C’est là la force de ce lieu qui peut se reconvertir”.