La Provence — Felice Varini “À ciel ouvert” au Corbusier

Presse, Juillet 2016
Photos © Ora-Ito

L'artiste contemporain a utilisé à Marseille l'architecture de Le Corbusier pour son exposition.

L’architecture est le terrain d’action favori de l’artiste Felice Varini. Son “terrain de jeu”, pourrait-on dire, tellement le peintre donne l’impression de s’amuser avec les formes pour imposer son “point de vue” et ses couleurs. À Marseille, à l’invitation du Mamo, centre d’art de la Cité radieuse initié par Ora Ito, il a investi le toit terrasse du même lieu pour créer trois pièces originales offrant autant un jeu de pistes à arpenter qu’une multitude de perspectives dormantes ou actives pour le public amateur d’art contemporain.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’oeuvre de Le Corbusier ?
Felice Varini : Je connais l’oeuvre de Le Corbusier depuis longtemps. Je suis venu à l’invitation du Mamo pour découvrir la Cité radieuse, à Marseille, que je ne connaisais pas en revanche. D’un point architectural, j’aime ici ce bâtiment qui est d’une grande intelligence, d’une grande densité, avec une relation à la nature intéressante. Tout est réfléchi de manière nouvelle et totalement inattendue.

Comment vous y prenez-vous, concrètement, pour investir un lieu tel que celui-là ?
F.V. : Je réfléchis par rapport aux lieux, aux formes, aux volumes, aux lumières. J’ai choisi les axes d’accroche et ceux que j’ai voulu favoriser. Le point de vue est un point de démarrage, un moment de construction. Je découvre ce que l’espace et la réalité font de ce point de vue. Le jeu consiste à faire chanter l’architecture à la faveur de la peinture et vice versa.

Pourquoi avoir choisi en priorité deux couleurs, le rouge et le jaune dans vos peintures ?
F.V. : En général je travaille avec les couleurs primaires. Ici, comme le ciel est très présent, je n’ai pas voulu utiliser le bleu pour lui préférer le jaune et le rouge. Volontairement je joue avec ces deux couleurs. Même si la peinture que je sors du pot est jaune, dès que je la mets dans l’espace, elle change de valeur, de couleur. La vie en fait ce qu’elle veut. Ce que j’aime, de manière générale, c’est le construit, c’est l’artefact, au-delà du style ou de la qualité de l’architecture proprement dite. Ce qui m’intéresse, par-dessus tout, est de transformer la vie en oeuvre d’art.

Votre démarche vous oblige-t-elle constamment à changer de lieux pour les investir ?
F.V. : Ma vie est toujours liée aux lieux dans lesquels je dois intervenir. J’ai passé trois semaines extraordinaires à Marseille pour ces réalisations. D’autres projets sont en cours ou en préparation en Chine, en Australie, en France, en Suisse, en Angleterre.

Jusqu’au 2 octobre au Mamo, Centre d’art de la Cité radieuse, 280 Bd Michelet, Marseille (8e). Entrée libre

Article par Philippe Faner